Dans le Midi reculé... pas le midi
glamour de la côte, mais les Cévennes, et encore, pas les Cévennes chics
de l'Ardèche mais celles, sinistrées, du Gard des mines fermées, la
région la plus pauvre de France soit dit en passant, près d'un village
sus nommé Bessèges, une femme, Sylvie Barbe, se bat presque seule (au
départ) ... pour vivre en yourte tout simplement, dans un terrain qui
lui avait été prêté, (à charge pour elle de l'entretenir, ce qu'elle a
fait)... à l'économie, écologiquement, avec un certain héroïsme. http://yurtao.canalblog.com/
Elle vient d'être expulsée après un second jugement qui a donné raison
au promoteur acheteur de sa parcelle (le premier avait donné raison à
Sylvie.) Elle a de la ressource : ayant acheté grâce à des copains une
parcelle juste à côté (ça ne vaut pas très cher), elle s'y réinstalle,
mais quel boulot!
Les pauvres parqués dans des
HLM (ou tout le monde!) pourraient parfaitement vivre ainsi (ce n'est
pas aussi compliqué que ça le semble, ou plus exactement, si pour elle
ça l'est, c'est parce qu'elle n'a pas d'argent du tout et des soucis
perso qui n'ont rien à voir, être un héros ne protège pas de rage de
dent) oui vivre ainsi, près de la nature, sans polluer, dans des sortes
d'ilots de sécurité où ils ne gênent personne, au contraire, mais bon,
le système en a décidé autrement : un "bon" pauvre est celui qui vit de
RMI dans son petit appart payé par la CAF où braille la télé du voisin,
parfaitement soumis au pouvoir de la consommation malgré quelques coups
de gueule de temps en temps au troquet... d'où, dans ce village en
déshérence qui accueille les cas de tout le département, une tristesse
poignante... (voir les images de ces "HLM" isolées de tout, lugubres, de
ces quartiers décrépits).. et aussi, bien sûr, une augmentation de la
délinquance, ça va de soi. La pub, l'envie, le bourrage de crâne, bref,
ce qu'on ne peut acheter, on le vole: logique. Le pays se meurt et les
gens qui le font vivre sont dans l'ordre : peu soutenus, poursuivis,
chassés. Ca tourne rond.
Tandis que ceux qui l'exploitent
sont aidés, valorisés... Oui, ça tourne rond. Exemple : des affairistes
(petits ou gros) achètent des domaines pour les faire restaurer à nos
frais et échapper à l'ISF (c'est la loi Malraux)... s'accaparant
ensuite dans la foulée des communaux les desservant afin d'être
tranquilles... et par exemple y pratiquer un business (d'été)
confidentiel haut de gamme... Exit le plouc qui passe se promener sur un
chemin public. Ca crée des emplois ? Non, de la richesse perso, ce qui
n'est pas la même chose: vivant en quasi autarcie, enfermés dans leurs
pandémoniums, on ne les voit jamais dans les bleds et parfois on ne les
découvre que.. lorsqu'on se heurte à une barrière apposée sur un chemin
public.
Je résume : d'un côté, on laisse expulser une femme qui ne demande rien à personne et ne gêne en rien bien au contraire
en ne la soutenant que très modérément (un peu tout de même puisque le
Maire du village a pris un arrêté interdisant son expulsion pendant six
mois.) Et d'un autre, la loi Malraux qui devait sauvegarder notre
patrimoine a été ici une des plus grande dévoreuse de budget public,
permettant à des dégourdis (le terme est sympa) de se faire du blé sous
prétexte d'art... Mot mal choisi puisque ces terres étaient au départ
agricoles. Admettons, c'était la règle du jeu... Mais ensuite, et ça ce n'était pas prévu,
de privatiser dans la foulée un environnement communal, ceci dans la
quasi indifférence de nos édiles bien souvent. Une autre femme se bat
pour restaurer ce patrimoine saccagé et celle-là, c'est moi http://chemincasse.blogspot.com (très édulcoré.)
A la pioche au départ et sous
les menaces... à présent, c'est fait... sauf à un endroit où le chemin
s'est carrément "écroulé" (tout à fait par hasard)... donc n'est plus
praticable... d'où privatisation de la rivière en le cas. Le Maire a
promis de le faire refaire (à nos frais of course)... On attend de pied
ferme. Le Midi meurt aussi de cela, d'une pseudo colonisation encouragée
par le dévoiement d'une loi au départ excellente, qui de fait frôle
souvent le détournement de fonds publics. Ca anime les villages? Si on
additionne les (?) trois repas par an (et je vois large car par principe
il y a peu de "misciblilité", preuve en est le désir quasi
compulsionnel d'isolement et de retrait, du moins par rapport à ceux qui
ne rapportent rien) et le pompage régulier, du budget comme de la
rivière, le calcul est vite fait. Un miroir aux alouettes.